Jocelyne Porcher. Éditions Le Bord de l’eau. Septembre 2019.

La cause animale est une affaire humaine, bien éloignée de la cause des animaux. Plus encore, Jocelyne Porcher nous démontre dans son ouvrage Cause animale, Cause du capital comment les défenseurs de la cause animale, au premier rang desquels les promoteurs du véganisme et de la libération animale, œuvrent à la disparition de certaines espèces animales.
En revanche, leurs actions s’accommodent parfaitement d’une nouvelle forme d’agriculture, dite cellulaire, qui consiste en une pratique d’élevage “de produits issus de cellules animales plutôt que d’animaux entiers“. De même qu’ils s’accommoderont fort bien de petites hypocrisies, prônant l’abolition des produits d’origine animale et de toute exploitation des animaux, tout en gardant le loisir de “posséder” des animaux domestiques à titre personnel, le plus souvent carnivores… Et en omettant de dire qu’ils prennent de la vitamine B12 pour compléter leur alimentation, ou qu’ils en donnent à leurs enfants. Or, cette dernière, indispensable à notre survie, est inexistante dans les aliments végétaux…
Les promoteurs de la cause animale dénoncent à juste titre les conditions de vie et d’abattage des animaux dans un système productiviste industrialisé, mais sans jamais évoquer comme alternative possible la possibilité d’un élevage respectueux de l’animal, ni la relation qui peut se nouer entre l’homme et celui-ci.
Dans ce contexte, la cause animale semble bien utile pour le lobby de la clean meat, dont l’auteur prend grand soin d’en détailler les principaux acteurs, à commencer par certains des plus imminents représentants des GAFAM. In fine, les différents promoteurs de la cause animale s’offrent à voir comme des acteurs importants d’une lutte interne au capitalisme à laquelle se livrent les anciens acteurs de l’agriculture industrielle et les acteurs de la nouvelle économie. On ne sera ainsi guère surpris, pour exemple, qu’une association comme L214, bénéficiant par ailleurs du statut associatif mosellan offert par la loi de 1908, ait reçu en 2017 une aide de plus d’un million d’euros d’une fondation californienne créée par un des cofondateurs de Facebook- fondation qui soutient financièrement des start-up engagées dans le business de la production de viande artificielle, telle que The Good Food Institute.
L’odeur du dollar plutôt que celle du purin, donc. Et au final, le choix de viande (et de la vie) en cube.
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Norrin R.