“A Noël, il y a les cadeaux… Et il y a LE cadeau. Trouvé sur ebay.fr.”

C’est ce que qu’annonce fièrement le site du même nom. C’est aussi le message implicite de la chargée de mission de ladite entreprise, invitée en cette jolie journée de Noël sur les plateaux télévisés pour nous expliquer que les pratiques avaient changées et qu’il était aujourd’hui naturel et de bon ton que de revendre le cadeau offert, malaimé ou inutile.
L’économie du gaspillage prospère et les médias, prescripteurs de comportements, s’en font les relais. Les cadeaux ne s’échangent plus par milliers, ils se revendent par millions. Le don entre proches humains a laissé sa place au potlatch de la plus-value, pour reprendre l’expression de Michel Clouscard. Comme rien ne se perd, rien ne se crée, et que tout se transforme, le cadeau deviendra monnaie ; puis peut-être à nouveau cadeau, et alors possiblement recyclé en monnaie. Et ainsi de suite.
Ainsi fonctionne l’économie nouvelle, transformant sans cesse le produit inutile en nouveau produit inutile, sauf pour eBay et autres plateformes d’exploitation de la valeur d’échange.
Il est intéressant sur ce point d’écouter la chargée de mission (sic) d’eBêêê, nous expliquer que les cadeaux de Noël les plus revendus sur leur plateforme le lendemain de Noël, seront les livres ayant remporté un prix littéraire, souvent offerts en double, et les produits les plus vendus, tels que le dernier album d’« Astérix », ou le dernier disque de Johnny Hallyday. Autrement dit ce qui est le plus vendu est le plus revendu, ce qui signifie que ce qui est le plus acheté est le plus inutile…
Pour ceux qui souhaiterais “s’informer” plus avant sur ces pratiques, nous ne pouvons que conseiller la lecture d’un bien étonnant article sur le site de BFMTV : https://www.bfmtv.com/pratique/les-bons-plans-de-rakuten-pour-revendre-ses-cadeaux-de-noel-1827984.html.
Le message est identique à celui de l’employé d’eBay : revendre ses cadeaux est une chouette activité et il n’est « pas question de culpabiliser », car c’est « le meilleur moyen de redonner une seconde chance à des objets qui traînent au fond d’un placard » et « qu’aujourd’hui, les mentalités ont évolué ». Alors pourquoi hésiter ? Et dans la foulée, inscrivez-vous donc au « club R », et bénéficiez d’une multitude d’avantages dont les « Rakuten Super Points »… Et de lire en toute fin d’article que « Ce contenu a été réalisé en partenariat avec Rakuten. La rédaction de BFMTV n’a pas participé à la réalisation de ce contenu ».
Sans doute est-ce là la seule information utile..
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