“Je souhaiterais qu’à partir du 11 mai les coiffeurs puissent rouvrir. Je pense qu’il y a des millions de Français qui aimeraient bien pouvoir aller chez le coiffeur assez rapidement. Les coupes faites maison c’est pas toujours formidable ; on peut s’y essayer ; j’ai essayé moi-même, c’est pas génial, sur ses enfants(…) Nous allons regarder quelles sont les conditions qui permettraient aux coiffeurs de rouvrir ? Quelles règles de sécurité sanitaire ? Combien de clients par salon de coiffure en fonction de la taille du salon de coiffure ? Quel équipement de sécurité sanitaire pour le coiffeur ? On regarde tous ces sujets un à un. »
Bruno Le Maire, 16 avril 2020.
Nous sommes heureux de savoir que, non content de s’occuper de notre santé, notre Ministre de l’économie et des finances, s’intéresse aussi à celle de nos cheveux. Pour autant cette sollicitude pour son prochain ne saurait masquer la violence de ses propos à l’endroit des enfants et de ses prochaines. A l’évidence, personne ne s’est encore indigné de l’expérimentation sur les enfants, qui plus est sans protocole ? Nos enfants ne sont pas des cobayes monsieur le ministre ! Sur lequel des 4 avez-vous commencé ? A-t-il pu au moins exprimer son consentement ? Avez-vous seulement pensé au traumatisme que cela a pu être pour lui d’avoir été le premier choisi ? N’est-ce pas lui signifier ainsi que vous l’aimez moins que les autres ?
Mais bien plus grave encore : comment pouvez-vous nier ainsi l’existence de la moitié de la population française ? Et qui plus est la moitié constituant la clientèle la plus importante, celle qui dépense le plus chez son coiffeur ou sa coiffeuse ? Faire comme si seuls les hommes méritaient d’avoir une apparence correcte est un réflexe reptilien qui traduit votre l’héritage de plusieurs siècles de domination patriarcale.
Et que dire de l’approche strictement technique- pour ne pas dire technocratique – de cette possible réouverture ? Pensez-vous que la solution à la question des modalités de réouverture puisse se résoudre en divisant la surface m2 par le nombre de clients ? Prendre le volume comme unité n’aurait-il pas été plus judicieux ? Et pensez-vous sincèrement que les salons de coiffure n’offrent qu’un seul service – la coupe de cheveux ? Il est étonnant que le terme même de salon de « coiffure » ne vous ait pas alerté. Croyez-vous alors qu’une mise en plis ne réclame pas plus de mètres disponibles qu’une simple coupe de cheveux… d’enfant par exemple, puisque vous êtes expert en la matière ? Croyez-vous que l’on passe d’un bac à un casque de façon identique selon la configuration des lieux ? Que les possibilités de respecter les distances de sécurité soient identiques selon que le salon se présente comme un carré ou un rectangle de même surface ? Comment un énarque peut-il à ce point méconnaitre de telles choses ?
Peut-être, précisément, parce que vous êtes ainsi, totalement coupé des réalités de nos vies de français et de françaises !