
La prolifération des rats dans la capitale alsacienne inquiète ses habitants, à juste à titre. Déjà en août dernier le conseil municipal s’était saisi de cette question[1] ; la ville proposant alors de faire un état des lieux devant déboucher sur « un plan d’action rapide dans les six mois ».
Qu’en est-il aujourd’hui ? Force est de constater que les choses ont peu évolué, ainsi qu’en témoigne un article tout récent publié dans la presse locale et qui s’est fait l’écho du calvaire de certains habitants d’un immeuble strasbourgeois envahi par lesdits rongeurs (Dernières nouvelles d’Alsace, 24 février).
Il faut dire que la réaction de la majorité écologiste fut pleine de compassion… pour les rats.
Ainsi, lors d’une séance du conseil municipal de septembre, Marie-Françoise Hamard, conseillère adjointe municipale EELV de Strasbourg, proposait de changer le regard sur les rats, punaises de lits et consorts, et d’avoir une « approche plus bienveillante » à leur égard, en les affublant du terme de « liminaires » ou « commensaux », plutôt qu’en les qualifiant de « nuisibles ».
Transfuge du « parti animaliste », les propos de cette ancienne diplomate sont symptomatiques d’une certaine pensée, faussement écologiste, préférant changer le sens des mots, ou requalifier les choses, plutôt que de se confronter au réel. Il est vrai que nos verts édiles s’accommodent généralement sans peine d’une économie productiviste et consumérisme, pourvu qu’ils en profitent allégrement. Certains d’entre eux ne sont-ils pas d’ailleurs des technophiles militants qui seraient bien en peine de dénoncer les ravages d’une économie assise, précisément, sur l’exploitation du vivant sous toutes ces formes – physiques et relationnelles –, au moyen d’une extension sans limite de l’industrie numérique à tous les domaines de notre existence ?
De même font-ils peu cas de la situation de leurs administrés confrontés à la présence à domicile d’animaux dont ils entendent défendre la cause. Les témoignages des familles confrontées par exemple aux punaises de lits sont pourtant saisissants, et le coût des traitements pour s’en débarrasser condamne les plus démunies d’entre-elles à une cohabitation durable et bien douloureuse avec leurs protégés – chacun d’entre nous risquant en retour une possible contamination que nous ne souhaiterions à personne ; pas même à ces élus qui semblent devoir davantage rendre des comptes à des rats qu’à ceux qui les élisent.
Aussi, proposerais-je requalifier nos complaisants élus strasbourgeois de « nuisibles », par “bienveillance” pour tout autre animal qui pourrait être ainsi qualifié, et souffrir d’être assimilé à de tels humains.
JMBS
[1] Annexe du compte rendu du conseil municipal du 21 août 2020.