Créé en 1870, le plus célèbre des magasins parisiens fermait ses portes en 2005. De grands travaux sont alors engagés pour mettre aux normes et redonner toute sa splendeur à ce bâtiment historique. Seize ans plus tard, la Samaritaine est de nouveau accessible au public. Les grands médias, unanimes, sont dithyrambiques. Une merveille de rénovation ! Tous saluent et remercient Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH, leader mondial de l’industrie du luxe, et propriétaire des lieux.
Concrètement de quoi s’agit-il ?
Shopping, mode, beauté, gastronomie et un certain “art de vivre“, sont au programme si nous en croyons le site SortiraParis.com ; lequel va jusqu’à parler de “nouveau lieu de vie“… Au-delà de la restauration du bâtiment art déco et art nouveau, la nouvelle Samaritaine offre ainsi 20000 m2 dédiés au commerce : 600 marques “sous verrière” et un “concept store” ; autrement dit “le rendez-vous de ceux qui plutôt que de suivre la mode, préfèrent la lancer“. Ajouter à cela 3000 m2 de Spa et autres espaces beauté.

Un temple dédié au luxe et au bon goût, comme en témoigne la photo de droite. Le nouveau paradis des shopping addicts, mais aussi, nous affirme-t-on, 80 logements sociaux. C’est pratique. Leurs heureux locataires pourront ainsi faire leurs achats quotidiens sur place. Et en diminuant leur empreinte carbone ! Car le projet se présente aussi comme “éco-responsable”. Un comble pour un ouvrage entièrement dédié à la consommation, qui plus est de produits “non-essentiels”…

Détruire le patrimoine parisien constitué de maisons des XVII et XVIIIème siècle en valait bien la peine. Surtout que cette rénovation est pour le moins douteuse. Inutile de parler de l’horrible bâtiment donnant sur la rue de Rivoli. Une sorte de bâtiment industriel fait de verre et de ferraille. Froid et impersonnel.

Plus étrange est le bâtiment “art déco”. De prime abord, c’est assez séduisant.
Puis lorsqu’on regarde d’un peu plus près, tout semble artificiel. Un art déco / Art nouveau de carton pâte digne d’un parc d’attraction.
Si la décoration intérieure peut tromper un œil distrait, les ornements extérieurs font sourire. On se croirait à l’entrée du Parc Asterix.

Mais le plus improbable nous attend au dernier des étages. Là où tout un chacun pouvait profiter d’une vue sublime sur la Seine, se dresse à présent un écran géant diffusant des images en direct de… la Seine !

L’artifice poussé à l’extrême : la vie en cube et en pixels. Et comme la retransmission en direct des images de la Seine n’est pas déjà suffisamment absurde, ce même écran diffuse en surimpression, par moments, d’horribles publicités, rappelant ainsi qu’avant d’être de possibles amateurs d’art déco nous n’en sommes pas moins de tristes consommateurs égarés dans un entrepôt de vente.
Rassurons-nous, il est toujours possible d’observer la Seine du haut de la Samaritaine. Il suffit pour cela de prendre un simple “Junior suite Seine” au Cheval Blanc, l’hôtel de luxe nouvellement implanté : aux alentours de 2000 euros la nuit.