Jenny Chan, Xu Lizhi & Yang, La machine est ton seigneur et maître, Agone, 2022.

L’ouvrage est un recueil de 3 textes publié pour la première fois chez Agone en 2015 et réédité cette année, agrémenté d’une postface de Célia Izoard.
Le premier texte a été rédigé par Yang, étudiant et ouvrier de fabrication chez Foxconn, multinationale taïwanaise, principal sous-traitant de l’électronique mondiale dont les plus importantes chaînes de montage se trouvent en Chine, et dont le règle de travail numéro est « Ne pas parler, ne pas rire, ne pas manger, ne pas dormir »…. Deux des entreprises du groupe fournissent exclusivement Apple en fabrication de composants et assemblage final, et les autres produisent pour les principaux acteurs du numérique (Samsung, Amazon, Dell…). C’est un texte court de 4 pages dont le titre donne son nom au recueil.
Le deuxième texte narre l’histoire de Tian Yu, jeune ouvrière de 17 ans, travaillant elle aussi chez Foxconn, à Shenzhen, et qui tenta de mettre fin à ses jours du fait des conditions de travail.
Enfin, le troisième texte est un petit recueil de poèmes de Xu Lizhi, Salarié du groupe Foxconn qui s’est suicidé le 30 septembre 2014 à Shenzhen.
Chacun des témoignages dévoile l’envers des écrans : l’une des faces cachées du capitalisme soi-disant cognitif et immatériel qui, loin des mythes libertaires californiens, se caractérise par la prédation des matières premières, à commencer par l’homme, considéré comme tel, et exploité dans des conditions inimaginables.
Avant de disséquer les usages du numérique, de s’interroger sur ses effets, il est important de rappeler que cette économie repose sur une industrie lourde – celle de l’électronique : un monde de production d’objets bien réels, produits et assemblés par des humains dans des conditions de travail inhumaines et destinés, en bout de chaîne, à remplacer d’autres humains.
Il fallait un tel recueil pour mettre des mots sur ce qui est si souvent occulté.
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